Notre Assen du 25 Juillet 2016 n’aura pas été une histoire facile.


En tant que président du MCGC, je suis responsable de l’évolution optimale de notre club. J’ai de plus convoyé nos pigeons sur cette épreuve, et, au final, mon sentiment était partagé sur le déroulement de cette course. Certains colombiers n’ont pas constaté, c’est normal sur une telle épreuve, mais je trouve que les choses ont été un peu plus compliquées que la ‘normale’ quand même. Je dirai un bon degré de difficulté au-dessus de ce que j’attendais, d’où ces lignes.


Il faut aussi replacer la chose dans le contexte :

- il ne s’agit pas d’un 200 kilomètres de milieu de saison par un printemps radieux ; n’oublions pas qu’il s’agit d’une course entre 800 et 1000 kilomètres, avec un bon vent de face sur +/- la moitié du parcours, très différente de l’an passé par exemple à plus de 1200 mpm.

- notre rayon de jeu n’est pas celui des fédéraux, ‘sucer’ ici la mauvaise roue, implique pour certains de se retrouver à plusieurs centaines de kilomètres, trop loin de chez eux après en avoir déjà parcouru presque un millier.

- nos pigeons ont été émoussés (physique, moral) par une saison des plus difficiles ; rarement, pour beaucoup de régions, une saison n’avait été aussi meurtrière.

- nos colonies ne sont pas encore au top pour ces distances : nous n’avons pas de sélection sur de telles courses depuis combien d’années ? Nous sommes ici à 2-300 km de plus que le créneau sur lequel nous avons sélectionné nos oiseaux jusqu’ici.

- nous ne sommes, pour la plupart, pas encore au sommet de notre art pour ce qui est de la préparation à ses compétitions longues distances.

De plus, certains enlogent leurs meilleurs pigeons, mais ce n’est pas forcément la règle, et beaucoup sont mis pour ‘essai’. En parallèle, il manque aussi des très bons, ce qui ne veut pas dire que c’est une cata : combien ont été malheureusement perdus à parfois moins de 500 km cette saison.

- le Assen 2015 avait été facile, la marche est d’autant plus haute cette année.


Cependant, je reste convaincu que nous nous devons de tirer des enseignements suite à cette édition, pour rendre ces épreuves plus accessibles à tous, dans la mesure du possible.


Déroulé :

La mise en loge a été effectuée lundi matin pour la plupart des voiliers. Les pigeons ont été contremarqués puis mis directement, par soucis de confort, dans des paniers MCGC, avec de la paille. Les pigeons s’y sentent mieux et se couchent facilement pour se reposer. Il n’est pas apparu de différence entre les pigeons mis tôt le matin et ceux enlogés plus tard : par exemple le pigeon vainqueur de René Landais a été mis tôt le matin en panier pour aller se faire contremarquer sur Saint Sébastien sur Loire.

Lors de la ramasse sur Sainte-Maure, les pigeons ont été abreuvés. Vers 17 heures, nous sommes partis pour Orléans, où nous sommes arrivés vers 19h15. Les pigeons ont été à nouveau abreuvés, jusque vers 20h15, +/- heure à laquelle nous sommes repartis. Lors du trajet, nous n’avons pas laissé les abreuvoirs pleins, car le trajet allait s’effectuer de nuit essentiellement. Les pigeons pourraient boire le lendemain.

Ce trajet, s’est déroulé uniquement sur de la 4 voies (excepté un loupé de sortie sur Bruxelles, avec +/- un quart d’heure de petite route en ville). Niveau perturbations possibles aussi, un pneu éclaté juste au-dessus de Paris (pas de déstabilisation de la remorque car 2 essieux), avec un peu d’arrêt, repos pour les pigeons le temps de trouver une solution pour changer la roue. Sur ces parcours autoroutiers, les pigeons sont moins bousculés par les virages et les freinages-accélérations que sur un trajet non autoroutier. Ce n’est pas le calme d’un véhicule arrêté, mais ce n’est pas le ballotement d’un trajet sur une nationale. Nous avions demandé que les paniers soient complétés à 13 pigeons au lieu des 15 possibles dans ces paniers, pour gagner en confort des oiseaux. Pendant le transport, moins de densité veut aussi dire plus de repos, on se fait mois ballotter contre un autre qui vous rend la politesse à coup de bec. La paille est aussi un confort certain.

Peu avant l’arrivée matinale sur Assen, coup de fil de notre président sportif (au fourneau depuis 5 heures du matin), Eric Billaud : Les prévisions météo ne sont plus celles de la veille où le mercredi pouvait sembler moyen mais le jeudi +/- correct. Lâcher au plus tôt est alors la seule solution pour garantir un retour avec l’assurance de bonnes conditions météo. Ce que nous voyons en arrivant sur Assen nous confirme en tous points les prévisions météo : un temps couvert et bouché s’avance depuis le ‘Ouest Nord-Ouest’, poussé par le vent vers notre position.

Il y a alors une seule solution si nous voulons garantir le lâcher dans de bonnes conditions météo : faire vite. Les portes latérales sont ouvertes pour préparer le lâcher, et 5 minutes avant le lâcher, les paniers sont déplombés et les portes coulissantes placées en position ouverte. 7h30, le lâcher est effectué, les pigeons seront visibles derrière les arbres pendant 3 minutes (impossible de dire si tout le lot est encore présent pendant ce temps de 3 minutes). A 7h33 plus aucun pigeon n’est visible, et aucun groupe de pigeons ne sera observé en sortant de Assen ensuite. Les pigeons ont été libérés une petite demi-heure après leur arrivée sur le lieu de lâcher.

Les pigeons, vous le constaterez dans ce déroulé, n’auront pas été abreuvés avant d’être libérés ; nous pensons que le mieux est de retirer les buvettes une heure avant le lâcher ; donner à boire dans la demi-heure avant le lâcher serait probablement une erreur. Sur nos courses, les pigeons s’arrêtent probablement tous boire sur le trajet retour.

Vous pourrez voir les cartes des prévisions météo* au moment où a été prise cette décision, qui je le pense a été la meilleure au moment, avec ce que nous savions.

Lâcher sur Assen une heure plus tard n’était pas possible avec ce qui venait de l’ouest-nord-ouest.

J’ai demandé à Fabian Wendel, contrôleur de lâcher, sur place à Assen de me faire savoir l’évolution des conditions météo réelles sur le reste de la semaine pour tenter de savoir si nous aurions pu/dû ou pas attendre la fin de semaine. Je viens d’avoir la réponse ce matin dimanche 31 juillet 2016 : mardi était le seul jour pour lâcher de toute la semaine.

Voici copie de la partie de son email de ce dimanche concernant ceci :
”Tuesday was the best day for
Liberation. Not a chance on wednesday, thursday, friday, saturday or today! So if you look at iT that way, tuesday was the only day possible!”

Les prévisions accessibles le mardi matin ne nous autorisaient pas à penser que nous aurions un réel créneau pour réaliser ce lâcher ensuite.

Ce que nous avions vu en montant confirmait par ailleurs de bonnes conditions météo sur le retour dans l’axe de Zwolle, Utrecht, Breda, Bruxelles. Ceci sera confirmé par le retour (voir photos du trajet retour*). Nous avons fait avec ce que nous avions au moment, il aurait très bien pu se dégager un jour dans la fin de semaine ensuite où un lâcher aurait été possible. A un moment de toute façon, il faut trancher.
Redescendre les pigeons plus près pour gagner du temps sur la perturbation avait été écarté, suite à l’expérience du ‘Osnabruck-Amsterdam’ 2015 de l’UCML, puisqu’à l’origine d’un débat vif lors de notre assemblée générale de septembre. Et puis, il semblait réellement falloir prendre la décision très vite, les prévisions étaient confortées par nos observations sur le terrain ; qu’auriez-vous fait vous ?

Sur le coup, nous étions soulagés, et pensions avoir gagné le pari de réussir cette épreuve. Les retours ont cependant été assez laborieux, même si ce n’est pas un concours de demi-fond, mais bien de grand fond qu’il s’agit.

Je rajouterai qu’il s’agit d’une course de grand fond de juillet 2016 ; voyez ce qui se passe en ce moment comme résultats ; les fédéraux de fin de saison et avec +/- 300 km de moins ce week-end ont été pour le moins laborieux eux-aussi, avec des vitesses dégringolant rapidement en dessous de 1000 et 900 mpm. Les internationaux ne sont pas si faciles non plus, alors que la masse conséquente des engagés devrait être plus porteuse.


Difficultés possibles :

- manque de repos : lâcher une petite demi-heure après l’arrivée sur les lieux. C’est la cause la plus probable, si difficulté ajoutée de notre fait il y a. Ce n’est pas de toute façon quelque chose qui facilite le retour, mais c’est peut-être aussi la décision qui a fait qu’ils ne sont pas revenus en remorque, ou de façon encore plus difficile. Ce doit rester une décision d’urgence et nous devons nous organiser pour l’éviter au maximum, même si nous ne pouvons savoir l’impact réel sur le retour. Ce n’est pas un plus de toute façon, c’est certain.

Un repos de 5-6 heures aurait été vraiment bien ; ce temps-là nous ne l’avions pas.
En repoussant l’heure du lâcher, nous pouvions aussi laisser se boucher la sortie vers le sud et ‘plier’ le concours. Pas facile à évaluer avec précisions.

- non abreuvés le matin avant le lâcher. Il faut avoir au moins une heure devant soi.

- remorque mal aérée : la porte arrière est grillagée, un passage d’air est présent au-dessus des portes latérales, et donc du niveau des paniers de chaque côté. 2 aérateurs photovoltaïques sont présents (9 m3/heure chacun) ; ce système est complété par un extracteur de 60m3/heure qui est à même de fonctionner hors contact mis du véhicule tracteur : l’extracteur peut fonctionner même si le fourgon est fermé et les convoyeurs absents. L’extraction d’air est de 78m3/heure sur une remorque qui représente environ un cubage de 20m3. Le volume d’air y est donc potentiellement renouvelé tous les quarts d’heure.

- trop forte chaleur dans la remorque. Le volume d’air brassé est suffisant ; de plus, le carrossage a été fait en alu anodisé. Ceci n’en fait pas un réfrigérateur mais minimise l’impact des rayons solaires. De plus, l’essentiel du trajet s’est effectué de nuit.

- peinture remorque ayant émis des émanations : aucune odeur n’a été ressentie, les peintures datent de +/- 15 bons jours. La remorque est de plus bien aérée.

- météo pas optimale : sur la direction Zwolle-Bruxelles, pas de soucis (photos à l’appui*). C’est vraiment le seul jour où nous pouvions assurer un retour sur cet axe sans risque de mauvaises conditions climatiques.

- année pourrie : ce n’est pas un argument, mais elle l’a été pour tout le monde, avec des pertes conséquentes, mais à quoi est-ce dû ? Je vous invite à consulter la page sur ce sujet dans notre rubrique ‘Quoi de neuf’ où André Bonnetat a dégoté un article possiblement explicatif. Merci à lui. Mais bon, nous n’avons aucun élément quantifiable à ce sujet. Les courses de fond de ce week-end de fin juillet n’ont pas été si simples, avec elles, du repos avant le lâcher et +/- 300 km de moins.


Conclusions possibles :

Un temps de repos d’une ½ journée minimum serait souhaitable avant le lâcher. Nous ne saurons jamais avec certitude si c’est la raison pour laquelle cette course a été plus pénible que prévu. On peut le penser, mais est-ce vraiment ça ? Les concours de ce week-end n’ont pas été lâchés dans de mauvaises conditions et une demi-heure après leur arrivée sur les lieux. Je reste donc sans certitudes à ce sujet, les certitudes sont souvent le fait de gens qui ne prennent pas le risque de décider, à l’abri derrière leur clavier ou leur téléphone. Quand vous êtes aux manettes, c’est parfois difficile, il faut peser très rapidement pour l’option avec le moins de risques pour les oiseaux. Ceci ne donne pas non plus le droit à toutes les prises de risques, c’est certain. Nous devrons prendre encore plus de précautions pour pouvoir assurer ce temps de repos à nos oiseaux par notre anticipation future des conditions météo.

Un temps pour abreuver les oiseaux ; ceci implique d’être assez tôt sur place. Si vous lâchez aux aurores, vous n’avez de toute façon pas le temps d’abreuver et de laisser une heure avant l’envol. Laisser les buvettes pendant le trajet, au moins pendant la partie en journée serait sûrement souhaitable. Les pigeons boivent-ils bien pendant la route ?

Redescendre le convoi de +/- 20-30 ou 50 km pour laisser du temps. Ceci aurait peut-être été une solution qui aurait rendu cette course plus simple, à la seule condition d’avoir un créneau de 2-3 heures de beau temps avant d’ouvrir les portes. Cela doit rester une possibilité à l’avenir. Le but reste d’avoir une course qui se passe le mieux possible, 20-30, 50 km de moins, ce n’est rien, avoir des pigeons au retour et un bon déroulé de course reste le but, pour le plaisir d’un maximum d’amateurs.

Avancer le jour d’enlogement : nous l’avions fait lors de la première édition ; pendant le week-end, les choses n’étaient pas annoncées de cette façon. Personnellement, je ne les ai pas trouvées assez nettes pour avancer ou retarder l’enlogement, chose que l’on entreprend quand une quasi-certitude se dégage. Nous serons encore plus attentifs l’an prochain pour coller au mieux avec la réalité météorologique.


Conclusion :

Vous le voyez, maintenant encore, pas facile de dire si telle ou telle solution aurait été plus facilitante pour nos voiliers. Ce qui est fait est fait.

J’espère que vos voiliers vont maintenant finir de rentrer. Cette épreuve aura été vraiment sélective, ne pardonnant pas trop le manque de préparation, ni le manque de qualité. Voyez le déroulement des courses dans nos secteurs sur cette période, et encore, avec +/- 300 km de moins, sale année.

Je pars toujours d’un principe qui évite de blâmer trop facilement l’un ou l’autre : « si dans mon secteur il y a des pigeons, alors, je dois en avoir aussi, sinon, je n’ai pas fait ce qu’il faut avec mes oiseaux ». « Si un pigeon le fait, les autres doivent pouvoir le faire aussi ». C’est dur envers soi et ses oiseaux, mais c’est la règle pour avancer et se remettre en question, car taper sur les autres ne fait pas avancer mais plutôt reculer en évitant toute remise en question, ce qui conduit à l’impasse niveau résultats. Vous allez dire que je dédouane ainsi bien vite les responsables du lâcher sur cette course, dont je suis. Peut-être, mais jamais les choses ne sont toutes blanches ou toutes noires, des pigeons sont passés le soir même, d’autres tôt le lendemain matin à des points les plus longs.

Combien de colombiers vides ces oiseaux ont survolé ? Ceci ne veut pas dire pour autant que le lâcher a été super ; il nous rassure de penser que nous avons fait au mieux avec ce que nous avions comme possibilités, et fait notre possible. Que dire de plus.

Je ne constate encore pas tôt sur ce Assen 2016. Je ne suis pas sur l’axe de la masse plus à l’ouest (et encore, que doivent dire les gens de la Loire ???). Est-ce une excuse ? Non : deux bons amateurs, à 5 km de chez moi, constatent 5 heures avant moi, avec chacun 1 pigeon. Leurs pigeons ont été dans les mêmes paniers et lâchés en même temps. La différence s’est faite avant la course, soit dans la qualité des oiseaux, soit dans celle bien probable aussi de la préparation et du management. Je n’ai pas encore une colonie solide, comme beaucoup, ceci il faut savoir se l’avouer aussi.

Lâcher aussi vite fut sûrement une difficulté non négligeable pour nos oiseaux. Et qu’aurions-nous eu ensuite en prenant une autre option ? Nous aurait-on pardonné d’avoir loupé ce créneau matinal ? Aurions-nous eu un beau temps sur tout le parcours comme ce fut le cas ici ? Non : nous savons maintenant que lâcher un autre jour ou attendre plus longtemps avant d’ouvrir les portes aurait été beaucoup plus aléatoire, voire impossible. Pas facile.

Notre créneau est difficile, le grand fond ne pardonne pas ; sur cette épreuve encore, certains supers pigeons sont restés sur le carreau. L’as pigeon 3 ans Osnabrück s’est perdu sur une course à 300 km en début d’année...

Gardons bien à l’esprit quand même que ceux arrivés tôt sur ce Assen sont de vrais solides qui méritent toute notre admiration et nos félicitations. Bravo à eux, chapeaux bas, il fallait le faire.

Ce ne fut pas facile, j’espère que vos oiseaux vont rentrer au maximum. A l’impossible, nul n’est tenu, au pire non plus d’ailleurs, nous avons fait pour le mieux, permettez-moi encore de le penser.


A bientôt,

David Chassagne - 30/07/2016

* vous retrouverez toutes les photos citées ci-dessus, sur le site du MCGC.