Patrick Métayer, après une époustouflante victoire en 2014, est à nouveau présent sur Assen 2015, avec une victoire au premier inscrit cette fois.


A nouveau une belle constatation

Pour Patrick, c'est à 19h27'33'' que le premier pigeon tombe sur les trappes ; ensuite, suivent 5 autres comparses, à 19h40 ; 19h51 ; 20h18 ; 20h46 et 21h12, soit 6 pigeons de 10 le soir pour tout de même 941 km... Avouons que bon nombre de champions internationaux, à des distances souvent moindres et des vitesses supérieures signeraient des deux mains pour avoir un tel résultat.

 colombier

le colombier des grand-fond


213526/2009 'Osnabrück 526'


Ce pigeon n'est pas un inconnu pour ceux qui suivent un peu les choses en grand-fond dans nos régions : il avait enlevé une extraordinaire victoire sur Osnabrück 2013, en étant s'il vous plait, avec son demi-frère, les deux seuls pigeons à franchir la barre des 1000 mpm. C'est aussi la marque des pigeons supérieurs, être présent par vent poussant ou vent de tête.

Sur cet Assen 2015, qui aura été assez rapide (1258 mpm pour le premier), le 526/09 fini à la 13éme place sur les 574 pigeons du convoi total, et à la première place du classement des premiers inscrits.

Le "Osnabrück 526" de P. METAYER Le "Osnabrück 526" de P. METAYER Le "Osnabrück 526" de P. METAYER

Le 526/09; remarquez l'avancée de la mue (photo 15 jours après Assen) qui n'a pas empêché une belle performance à 941km

Ce petit pigeon, pas vraiment (il faut le dire) extraordinaire en main a un caractère spécial ; toujours vif et joyeux, il est un des fleurons de la colonie de Patrick en grandes distances. Ses résultats des années précédentes lui valent différentes distinctions : tout d'abord le titre de 1er As pigeon Osnabrück 2013-2014-2015, mais il est aussi 3ème As Osnabrück 2014-2015, 3ème As Amsterdam-Assen 2015. Qui ne voudrait pas d'une telle perle dans ses installations ? Notez cependant que ce gagneur est pourvu de muscles très souples et d'un tempérament certain.

Le pédigree est pourvu de nobles origines, certes pas estampillées 'Grand fond'. Loin des 'à priori', le 526/09 a apporté des preuves suffisantes pour valider définitivement sa capacité à moudre un millier de kilomètres en lâcher matinal.

Ses parents sont des purs Marcel Aelbrecht :

son père est un petit-fils du 'Marseille',

pere 4254926 07

 

 

père du Osnabrück 526/09

alors que sa mère est une nièce du 'Patron' sur une fille du 'Chateauroux' Demeyre.

mere 4115561 06

mère du Osnabrück 526

Pas à priori des pigeons pour jouer des 1000 km par temps dur, mais pourtant des pigeons qui, années après années sont à même de jouer les premières places sur nos courses et à, s'il vous plait, 941 km !

 

Conciliation


En passionnés que nous sommes, nous laissons parfois notre amour pour les bêtes à plumes déborder sur la vie de famille ; ce n'est pas le choix fait par Patrick. C'est aussi pour cela que son exemple est très intéressant : il ne manque pas de partir régulièrement les week-ends sur la côte atlantique, assez proche, où la famille possède un bungalow pour partager d'agréables moments. Combien d'entre nous n'oseraient pas quitter leur colonie en pleine saison, surtout pas le week-end juste avant l'enlogement pour une étape de presque 1000 km ? Pour Patrick, aucun problème, la famille, c'est un choix affiché.

D'ailleurs on peut au minimum dire que les résultats ne s'en ressentent pas trop : l'an passé, il était parti tout le week-end qui précédait l'enlogement pour Assen ; son neveu préposé aux soins des week-ends prolongés avait comme d'habitude pris grand soin des pigeons, mais c'était trompé de mélange, les pigeons en partance pour Assen, un peu trop nourris de surcroît pour l'occasion l'avaient été avec un mélange repos(blé pour l'essentiel), pas adapté à la circonstance ; un jour et demi plus tard avait lieu l'enlogement, et en fin de semaine... la victoire sur Assen avec le 482/09. Ca fait relativiser un peu nos inquiétudes des derniers jours...

Le assen 482 014 1le assen 482 005 1le assen 482 013 1

 'Assen 482/10', idem, remarquez son avancée de mue, 15 jours après Assen

 

En général, il ne part que 2 jours sur la Côte, et alors, pour ne pas déranger son neveu, il remplit le bac commun pour le week-end (mélange sport). Si c'est un week-end prolongé, le neveu est appelé en renfort et donne matin et soir la ration convenue.


Méthode de jeu, et essai instructif


Les pigeons sont joués au veuvage classique, les femelles ne sont pas montrées à l'enlogement (exception faite pour Osnabrück 2013 où elles avaient été mises le matin), pour enloger des pigeons aussi calmes que possible.

En début de saison, ils élèvent un jeune pour être mis au veuvage vers la mi-avril sur un grand jeune. De même en fin de saison, ils peuvent pour certains élever un jeune, avec pour les meilleurs un changement de femelle. Ils ne retrouveront le célibat que vers la fin octobre, parfois fin novembre.

L'an prochain, nouveau challenge, des femelles seront rentrées sur position pour les grand-fond. Quand on voit la réussite d'amateur comme Richard Coutelet qui a tenté l'aventure cette saison, on ne peut qu'attendre de brillants résultats pour 2016. A suivre...

Les pigeons ont, cette année encore, été préparés tranquillement pour ne pas entamer leur potentiel : ils ont débuté avec 3 courses de vitesses/demi-fond, puis ont fait 2 fois +/- 500 km soit 5 courses avant l'enlogement pour Osnabrück. 10 jours avant Assen, l'an passé, les pigeons avaient été mis sur Falaise (300 km) pour retourner dans le rythme ; cette année, vu la météo avec des vents moins favorables, Patrick a fait l'essai de ne pas mettre 5 de ses pigeons. Bien lui en pris car, sur ces 6 arrivés le soir même de Assen 2015, il eut la joie de voir les 5 pigeons conservés au colombier.

Il mise, comme beaucoup de champions de marathons colombophiles, sur la récupération, moment primordial pour nos athlètes à plumes. Pour des distances plus courtes, il opterait pour plus d'efforts entre les deux courses.

Côté volées, là encore ce n'est pas la prise de tête, les veufs sont libérés de 6 heures à environ 8 heures, à ½ heure près... Le soir, ils sont à nouveau libérés de 20 heures à +/- 21h30. Ils ne sont pas forcés en saison, surtout pas par temps chaud. Au début de saison, ils sont tout de même un peu poussés pour prendre le rythme, ensuite chacun se débrouille.


Patience

Patrick élève assez tard et a souvent une bonne équipe de tardifs en complément de ses 'un an'. Les yearlings, au célibat, sont joués depuis le début de saison, (les week-ends où il est là) jusque 600 km, une fois. Les tardifs sont joués sur le second tour, vers le sud, pour 6 étapes. Cette année, ils n'étaient pas trop mal dans le tempo, puisque notre ami l'emporte 3 fois ! A noter au passage la bonne performance d'un jeune acquis l'an passé lors du repas MCGC par Patrick : ce tardif, offert par Olivier Poupard a réalisé 5 prix de 6 enlogements, la plupart du temps tôt. Il ne serait pas surprenant que nous retrouvions ce pigeon dans quelques années dans le haut des classements de nos joutes marathons.

Je dis quelques années car Patrick ne brusque pas la machine : à 2 ans, passés au veuvage, ils seront joués sur les inter-groupements jusque 700 km. Ce n'est que vers 3 ans que les premiers seront enlogés pour une étape de plus de 900 km. Il ne veut pas forcer ses pigeons et les laisse se former doucement, mais sûrement. Comment ne pas valider sa pratique quand on jette un œil sur ces résultats ? Des pigeons mûres, expérimentés, en pleine possession de leurs moyens. Ce n'est donc qu'à 4 ans qu'ils iront faire le programme complet.

P. METAYER et son "Assen 482"

 Patrick et le Assen 482

 

L'inconvénient de la méthode, est que quand on ne perd pas trop de pigeons, ce qui fut le cas de Patrick ses dernières années (il va faire des envieux), les colombiers se remplissent vite avec les générations et arrive le dilemne du tri pour passer en année supérieure. Choix d'autant plus délicat quand vous avez pris en main le formidable 526/09, différenciable uniquement par son caractère. Là, il faut observer et comprendre le pigeon, deux matières où Patrick n'est pas des plus aveugles.

A noter aussi que les femelles, ne seront pas autant économisées, notre champion estime comme beaucoup que la gente féminine est capable d'être alignée beaucoup plus tôt sur 'la distance'.

Méthodo

Côté nourriture, du classique, un mélange de plusieurs firmes, avec un enrichissement les derniers jours en maïs (30-40 % du mélange final) et mélange «énergie», ainsi que des cacahouètes. Les 5-6 derniers jours, les pigeons sont nourris à volonté, à bac plein. Le reste du temps, la ration consiste en une cuillère à soupe matin et soir, de façon à ce que les pigeons mangent tout.

Côté traitements, du classique aussi, avec une cure de 'BS®' (Belgica De weerd) lors de la mise au veuvage, pendant 3-4 jours, puis au retour d'une belle étape, une cure de 5 jours contre la trichomonose. A noter que cette année, lors de la vague de chaleur qui a submergé la France, les pigeons ont eu un gros coup de 'mou', vite résolu avec une cure de 'Ornispécial® (Belgica De Weerd), 7-8 jours avant Osnabrück (Amsterdam pour 2015) UCML.

Des pigeons... chanceux ?

Patrick s'est vu, au départ de ses superbes résultats en grand fond, entendre dire que ceux-ci n'étaient dus qu'à de la chance, ses pigeons n'étant pas de grand fond ; passe pour une année, mais quand cette 'chance' perdure trois années de suite, on appelle ceci plutôt de la malchance pour collègues peut-être un peu jaloux. Par contre, pour les pigeons de Patrick, l'adjectif 'capables' serait pour le moins le plus approprié me semble-t-il.


Patrick ne possède pas que le 526/09, il est à la tête d'une colonie riche en superbes compétiteurs. Notons en passant le 482/09, 2ème As pigeons Assen 2014-2015, le 889/10, 7ème As Amsterdam-Assen 2015 (même grand-père que le 482- Billaud E.).

pedigree 217482 09
Côté famille du 526, nous retrouvons aussi le 878/10, 7ème As Assen 2014-2015 (même mère que 526), le 318/11, 11ème As Amsterdam-Assen 2015 (même père que 526), le 886/10, 20ème As Amsterdam-Assen 2015 (frère 878, donc même mère que 526/09).

Nous en revenons toujours au même, les bons sont les bons, les autres....sont les autres !

C'est à la tête de ces superbes athlètes que nous laissons notre copain longues distances savourer le fruit de son travail de la saison écoulée.
Ce compétiteur hors pair nous a encore épaté cette année, confirmant son statut de 'valeur sûre' de notre contingent de copains passionnés. Chapeau.

Un grand bravo Patrick, à bientôt pour la remise des prix MCGC, bon vent !


David Chassagne, Août 2015