Didier me l’avait dit lors de l’article concernant sa première place sur Nijkerk 2018, son second pigeon, le 013125/15 était un sérieux client, un pigeon sur lequel il comptait. Il avait raison : ce fameux voilier est devenu entre-temps le 1er As pigeon Nijkerk-Assen 2018, et remporte également le titre de 1er As pigeon Nijkerk-Osnabruck-Assen 2018. La classe à 3 ans seulement, on est là dans le haut de gamme.

Pas facile

En 2017, première année où le contre-la-montre sur Nijkerk (NL) avait été instauré, les As pigeons cumulant les prix sur Nijkerk, Osnabruck et Assen n’avait pas été récompensés ; nous ne savions pas trop ce que ceci allait donner. Les résultats 2017 annonçaient la couleur : seuls 2 pigeons cumulaient 3/3 alors. Pas si facile de cumuler 3 prix de 3 engagements en marathon la même année finalement.

Cette année aussi, la couleur était de même teinte : seuls 3 pigeons ont pu faire le doublé Nijkerk-Assen : le troisième du lot est le 201413/14 de Claude Jouannic, le deuxième le 463739/13 d’Eric Billaud, le meilleur étant le 013125/2015 de Didier Chauvel. Il cumule une confortable avance sur ces deux poursuivants grâce à deux jolis résultats : Sur Nijkerk (739 km), en contre-la-montre, il arrive le soir même, à 20h53’, bon pour une cinquième place du classement. Sur Assen (854 km), qui ne fut pas pour les tendres, il arrive premier au colombier, à 13h03, bon pour une 18ème place du classement semi-national. Ce ne seront donc pas des résultats au rabais, qui lui offriront la victoire de ce classement exigent.

Plus fort encore, le classement des As pigeons Nijkerk-Osnabruck-Assen’ prend en compte en parallèle le résultat engrangé sur Osnabrück (908 km), où le vainqueur de Gérard Humbert ne passera pas la barre des 1000 mpm. Là aussi, pigeons sensibles s’abstenir ; sur ce sélectif Osnabrück 2018, le 013125/15 fait honneur à son patron : premier constaté de la colonie, il ‘tombe’ à 9h05 le lendemain matin, ce qui lui vaudra une magnifique 17ème place du classement. 3 courses difficiles la même saison, 3 tops 20, que souhaiter de mieux ? Dans le même temps, il faut porter à votre connaissance que cette exigence supplémentaire d’une troisième course, va éliminer toute autre concurrence, le 125 sera ainsi le seul athlète capable de faire le triplé cette année, chapeau.

Reprenons ses classements 2018, ils valent le coup :
- 23/06/18, Nijkerk contre-la-montre, 739 km, vitesse 1er : 1184 mpm ; 5ème
- 03/07/18, Osnabrück, 908 km, vitesse 1er : 987 mpm ; 17ème / 532 p.
- 30/07/18, Assen, 854 km, vitesse 1er : 881 mpm ; 18ème / 598 p.

En parallèle, il ne s’arrête pas là, il est également cette année 3ème As pigeon 2018 Assen-Osnabrück, et 10ème As pigeon Assen 2 ans (2017-2018).

Notez que, comme contrairement à ce qu’il fait habituellement, Didier avait engagé ce pigeon sur Assen l’an passé, alors qu’il avait seulement 2 ans. Normalement, il ne les met en marathon qu’à l’âge de 3 ans. Pour sa première édition longue distance, il réalise une bonne 84ème place, sur une épreuve comme cette année, des plus difficiles.

DSCN0685 1013125/2015

Cette boule de talents est issue d’un mâle Van de Poel (B) accouplé à une femelle offerte par un ancien collègue de club. Cette femelle est, elle, issue d’un croisement de pigeons de Mr Balda (Toulon) sur un pigeon de Thierry Raffin, champion bien connu de La Rochelle, terreur du petit et grand demi-fond.

Petite remarque personnelle, mais possiblement importante je pense : vous trouverez régulièrement une bonne partie de sang de voiliers de grand demi-fond, voire parfois de pigeons encore plus ‘courts’ dans les ancêtres des vainqueurs d’épreuves marathons, et même, comme c’est le cas ici, chez d’authentiques as pigeons ayant cumulé la même saison plusieurs prix dans des épreuves marathon difficiles. En parallèle, de nombreux excellents pigeons marathoniens savent pointer tôt en courses préparatoires. A méditer.

Ce 125/15 est un pigeon assez calme, pas un semeur de trouble. Il est joli en main, et de corpulence moyenne à supérieure, pas une tourterelle quoi. Contrairement aux autres voiliers de Didier, il n’a pas encore été inspecté par ‘l’alairien’ qu’est Thierry Hardy. Chacun sa vérité, ses opinions, mais Didier est assez confiant dans le jugement de cet homme-ci : il lui a systématiquement dégoté ses bons pigeons et il pense qu’il lui a été d’une certaine aide dans sa sélection de départ, puisque, rappelons-le, Didier n’en est qu’à sa 10ème licence.

Comme pour les autres pigeonneaux, le 125 n’a pas été au panier de concours, il a juste été entrainé. En yearling, il a été maintenu sur de petites distances et envoyé une seule fois dans un fédéral.

A deux ans, en 2017, il avait suivi le programme classique groupement puis régional, et s’était classé sur un Chaumont fédéral (193 km). Entorse à la règle habituelle, il avait été engagé sur Assen (854 km) où il avait fait, pour sa première participation, un joli prix (84/606 p.).

Cette année, il a été de tous les coups de paniers en début de saison. Suite à une course à 100 km le 13/04 ; il va participer à Alençon (170 km) le 28/04, puis Falaise (203 km) le 04/05, suivi de Chaumont (497 km) le 25/05, et de Falaise (203 km) le 02/06. 9 jours plus tard, il sort du panier avec le 201271/14 (qui va gagner le contre-la-montre) sur Nijkerk à 739 km du colombier.

3 semaines plus tard, c’est sur Osnabrück, (908 km) qu’il est libéré, suivi 3 semaines d’une sortie de panier depuis Assen (854 km). Entre chaque course marathon il a été lâché pour de petits entrainements à 20-30 km de la maison, histoire de garder le rythme.

Il a été joué au veuvage total. Peut-être qu’une chance pour lui aura été de se retrouver avec une jeune femelle de 2017. Je vous vois venir d’ici, ce n’est pas pour la raison que vous pensez… il s’agit juste du fait que cette yearling n’a pas été engagée sur de longues épreuves et a pu être présente à chaque retour de son talentueux mâle. A noter que pour l’an prochain, Didier pense justement ne pas jouer les femelles des mâles mis eu veuvage, car il lui semble que ne pas retrouver sa dulcinée au retour impacte négativement la motivation de nombre d’entre eux.

Côté soins, traitements, et apports de produits complémentaires, que du simple, sans prise de tête, pour réussir à se faire plaisir :

Au retour, les pigeons sont nourris au mélange ‘sport’ ; le grain est humecté d’huiles (mélange de plusieurs types : huile tournesol, foie de morue, etc) et séché d’Hémo-Lyt® (idem levure de bière) de chez Versele Laga. Dans l’eau sont ajoutées des électrolytes glucosées (Récup-Lyt®). Suivront souvent 2 jours de ‘dépuratif’ avec toujours des huiles et de la levure de bière. Dans l’eau seront versées des tisanes de composition personnelle.

La période ‘entre deux’, les voiliers seront nourris d’un mix de ‘sport’ et de ‘diète’, pour passer au 100 % sport les 2-3 derniers jours. Pendant cette période de préparation sera aussi donné des vitamines (Carmine®) pendant 2-3 jours. Le grain sera humecté de ‘Form oil®’ et saupoudré de ‘Boost®’. Quelques cacahouètes entrent à ce moment dans la ration des voiliers en partance.

Côté traitement, là aussi du classique, simple, efficace : avant saison, les pigeons sont traités 5 jours à l’Alazol® contre la trichomonose, ainsi que pendant 5 jours un traitement contre la coccidiose. Un ‘Téniverm®’ contre les vers est aussi donné dans cette période. De temps en temps, pendant la saison, ils recevront un Spartrix® ou un cachet de chez Rohnfried® qui fait tricho + coccidiose.

Tous les 15 jours, il donne dans l’eau un produit pour les voies respiratoires, à base de plantes, qu’il prend en pharmacie.
C’est à cette sauce qu’a été préparé le désormais fameux 013125 de 2015 du sympathique Didier Chauvel.

Souhaitons à Didier de revivre encore de telles saisons, où il nous aura démontré que, sans prise de tête, et avec un ‘petit’ colombier, on peut faire mieux que se défendre et dominer d’une grosse longueur la concurrence. Bravo !

 

David Chassagne, novembre 2018