C’est un voilier de 2 ans, le 182409 de 2015 qui vaudra à l’ami Philippe Gauthier la très grande joie de gagner le classement global du Semi-national du Assen 2017 organisé par le MCGC. Constaté à 18h58’54‘’, pour 588 km, il fut le seul pigeon des 606 voiliers libérés le matin même à Assen (NL) à 9h15, à pouvoir dormir à l’abri dans son casier.

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Edition 2017

L’opus 2017 du Assen MCGC aura été à nouveau sélectif. Le contingent a été libéré à 9h15 pour laisser passer une perturbation qui, entre 6h30 et 9 heures, coupait la trajectoire des voiliers vers la France. Malgré une alerte ‘orange’ aux forts orages qui traversaient la France en diagonale, vers le nord-est en soirée, la décision de libérer avait été prise ; le voyage retour, ainsi que le lendemain matin étaient normalement assurés de temps correct pour la grande majorité du contingent, situé sur une moitié ouest de la France. Les prévisions des jours suivants n’étaient pas engageantes pour pouvoir lâcher sur place, ce qui sera confirmé ensuite par notre contrôleur sur place. Un fort vent de sud-sud-ouest, non prévu par la météo corsa à coup sûr, jusqu’au moins au nord de Paris le retour des courageux voiliers.


Zone marathon

L’annonce du pigeon de Philippe Gauthier, à 1008 mpm, pouvait laisser penser, qu’en toute limite de nuit, un voilier puisse tout de même rentrer en limite inférieur de la zone marathon (plus de 730 km). Il n’en fut rien. Aucun crack, cette année, pour créer la surprise en zone marathon. Le lendemain matin de bonne heure, rien non plus. Ce n’est qu’à 8h29 pour 828 km, dans l’unique secteur encore sous les orages que le premier pigeon de la zone marathon fit son arrivée ; allez comprendre. Il fallut ensuite 1 h 08 mn pour un second pigeon, à 782 km, dans un autre secteur ; 14 mn plus tard, le troisième pigeon arriva chez lui pour 758 km, dans un tout autre secteur là aussi (tout au sud-est).

Un bon moment passa ensuite avant de voir enfin arriver des oiseaux en nombre. Les choses se sont vraiment décantées en début d’après- midi (un pigeon à 12h17 pour 875 km, à 14h18 pour 940 km, ou encore à 14h43 pour 926 km). Finalement, la fin de journée du mardi, verra se concrétiser 79 des 125 prix de la zone marathon, ce qui n’est pas mal vu les distances et l’étendue de la zone des arrivées (+/- un bon tiers centre de la France). La course en zone marathon sera bouclée le mercredi à 13h23’, soit plus rapidement que l’an passé. Ces arrivées tout de même décalées d’une demi-journée pour la majorité des concurrents, le second jour, semblent bien être dues à un passage des voiliers assez à l’est du rayon, où ils ont pu, si c’est le cas, rencontrer en fin de journée, le mauvais temps. Le fort vent sur la grande partie du trajet retour du lundi peut également, avoir joué un rôle non négligeable via un véritable travail de sape sur les oiseaux. Ceci nous rappelle que nos courses sont bel et bien des courses d’orientation, ou celui qui passe au plus court gagne… s’il a les bras assez solides, la top condition et un mental suffisant pour ne pas lâcher. Tout pour gagner quoi, avec le petit brin de chance pour ne pas se planter.

Les joueurs marathon Hollandais sur place, pourtant peu craintifs d’ordinaire, avaient mentionné que lundi était sans aucun doute la meilleure, voire la seule option. Ce qui les interpellait surtout, c’était la force du vent que les pigeons auraient à affronter. Ils venaient de boucler, il est vrai, le dimanche matin, malgré les pluies diluviennes de la nuit de samedi à dimanche, un Bergerac à plus de 2 000 mpm.


Zone fond

Cette année, le contingent s’est étoffé pour atteindre 107 pigeons. Tranquillement, la zone fond se construit, faisant de nouveaux adeptes d’années en années. Comme depuis le début, les choses n’ont pas été si simples pour la zone fond. Même si la plupart des joueurs de la zone sont des vétérans des redoutés ‘Wedemark’, le fait de jouer et donc de sélectionner depuis des années plein sud fait que la marche est parfois difficile à franchir pour les oiseaux basculés plein nord sur ces distances. Assen permet de tester, puis de sélectionner des voiliers résistants pour pouvoir pour certains, aligner des pigeons sur Hambourg, où la distance sera encore plus palpitante. Nous n’en sommes donc qu’à la préparation et nos amis de la zone fond travaillent pour s’offrir un marathon dans un avenir proche.

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Le second pigeon de la zone fond (moins de 730 km) sera officialisé chez le vainqueur 2016 de la zone, Jacques Ferouelle, à 11h11’ le lendemain. Jacques, joueur émérite des anciens ‘Wedemark’ aura également le troisième de la zone… à 13h01’, pour 663 km. Comme pour la zone marathon, les rentrées vont ensuite se régulariser, pour remplir 18 des 27 prix à faire le soir du mardi. Les prix seront bouclés, ici, peu après 11 heures le mercredi matin.


Vainqueur global

Nous l’avons vu, le 409/15 de Philippe Gauthier aura eu du mérite. Il aura fait sa route en quasi-totalité avec un très fort vent contraire, et sera le seul à passer les 1000 mpm. Chapeau.

C’est de plus la première fois, en 4 éditions, qu’un concurrent de la zone fond réussit à faire la nique à l’ensemble de la zone marathon et remporte ainsi le classement global du Assen. Bravo, c’est une magnifique victoire. On peut arguer d’un déroulement perturbé, avec ces arrivées décalées, mais combien de courses de pigeons, sur ces distances qui plus est, ont un déroulement vraiment linéaire, avec des conditions équivalentes partout ??? Certains pigeons sont passés, d’autres n’ont pu le faire que plus tard, c’est aussi ça une course de pigeons longues distances. Ce jour-là, il fallait un costaud en forme, avec le ‘gps’ réglé sur le trajet le plus court. A ce jeu-là, le 409 a gagné.

Ce fameux 409 n’est pas un fruit du hasard : il est issu de lignées du Dr Gravier (décédé en 1997), que Philippe a utilisé avec succès sur les anciens Wedemark. Sa grand-mère est d’ailleurs également la mère du 1er prix Zone 1 sur le Wedemark 2007, qui avait été particulièrement redoutable.

L’an passé (2016), âgé d’un an, il avait juste été entraîné avec les jeunes de la société, en fin de saison jusqu’à 200 km. Ce 15 mai 2017, après quelques courses de démarrage, il était rentré tard (le lundi) d’une étape de petit-demi-fond. Malgré cet impair, il n’a pas été écarté définitivement de l’équipe. Vu sa conformation et ses origines, il a été mis au repos et relancé en juin avec les courses de jeunes en vue de participer à Assen avec le reste de l’équipe à l’essai sur cette course. Comme quoi, des fois, une victoire tient à peu de choses ; il faut parfois être un peu patient. Les pigeons engagés sur Assen sont en général issus de ceux qui, il y a plus d’une dizaine d’années déjà revenaient de Wedemark.

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Philippe s’est lancé dès la première année (2014) dans l’aventure du Assen MCGC. Il y réalisait le 6ème prix. En 2015, la chance lui souriait et il l’emportait en zone fond avec le 181/11 ; au classement, il enlevait les places suivantes : 1er, 5ème, 6ème et 8ème places, et le 181/11 était également couronné As Assen fond 2014-2015. En 2016, il enlevait les places suivantes : 4ème, 9ème, 10ème, 11ème et 12ème places, ainsi que l’As pigeons sur 2 années avec le 532/12. Pour cette édition 2017, il enlève les prix suivants : 1er, 7ème, 14ème, 16ème et 17ème places. La totalité de ses 15 engagés est rentrée au cours des deux semaines qui ont suivies la course de Assen. Bravo.

La prochaine étape sera le Hambourg, ou une marche supplémentaire devra être franchie.


Gestion colonie

Philippe a une douzaine de couples de reproducteurs et quelques retraités ; respectueux des oiseaux qui lui ont donné du plaisir, il n’élimine pas les anciennes gloires, ils peuvent ensuite couler des jours heureux et s’éteindre doucement. Les lignées sont bâties sur les pigeons sélectionnés lors des Wedemark et sur des origines de pigeons ayant fait Barcelone.

Une quarantaine de jeunes sont élevés chaque année. Pour le jeu, il garde ensuite 24 couples alignés au veuvage total. Depuis l’an dernier, les pigeons sont joués au naturel. Les jeunes restent avec. Les volées sont gérées par la simplicité : ouverts le matin, fermés le soir. Les pigeons s’adaptent aux prédateurs, tout de même un peu présents. Ceci a l’avantage de maintenir les oiseaux au plus près de la nature, adaptés aussi à ces aléas, ce qui reste probablement un ‘must’ pour les courses longues distances. La journée est ponctuée de multiples volées. Du fait de la prédation, en hiver, les volées sont parfois limitées à l’après-midi, plus sous surveillance (Philippe travaille de nuit).

Les ‘un an’ sont joués avec les pigeonneaux plus tard en saison et ensuite participent à des lâchers de propagande en fin de saison.

Les vieux participent au programme de la ligne sud jouée ici. Les pigeons sont lancés jusque Bayonne (630 km) selon les années. Notre ami joue en 8ème région, zone ‘Nord’.

Les pigeons réservés pour Assen sont en général un peu économisés, et lancés dans le programme vers le mois de mai, sans avoir l’occasion de dépasser Argenton sur Creuse (220 km).

Côté nourriture aussi c’est la simplicité : le même mélange est donné chaque jour. C’est du ‘perso’, loin de la surenchère commerciale. Il n’en est pas moins complet pour autant. Il est composé de la façon suivante : 4 kg de maïs, 2 kg de blé, 1 kg de pois, 500 grs de féverole, 500 grs de milo, un peu de cardy, de tournesol, agrémenté de quelques petites graines (chènevis, lin, colza). Ce mélange est le même toute l’année, sans trop de privation niveau quantité.

Aucune vitamine n’est donnée, par contre les pigeons ont à disposition, chaque jour, en alternance du vitaminéral, du grit avec pierre rouge, des algues de mer et des blocs d’argile. Les pigeons ont aussi un ajout de levure de bière et de sève d’ail sur le grain.

Le produit ‘RA’ (Dr Lefèvre) est donné contre la trichomonose une fois en début de saison puis un rappel est effectué toutes les trois semaines. En saison, rien n’est donné contre les vers ou la coccidiose. Cette année, en prévision de Assen, 2 jours de ‘RA’ (ce qui restait en fait du pot) ont été donné 4-5 jours avant la mise en loge.

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En attendant Hambourg

En attendant le prochain Hambourg, Assen s’impose déjà comme un palier important à franchir, qui permet de sélectionner des oiseaux capables de tenir le choc des longues distances du nord vers le sud, dans ces années à la météo souvent troublée. Même si la distance est plus courte pour la zone fond depuis Assen, on se rend compte de la teneur du challenge, que représente cette bascule des pigeons sur la direction nord, à la difficulté que peuvent avoir nos copains concernés pour fournir des As pigeons sur plusieurs années sur cette course. Pas facile quand même, mais ils y travaillent. Cette victoire globale 2017, la 3ème place du global l’an passé de Jacques Ferouelle sont des signes qui ne trompent pas, des voiliers capables sont trouvés, les choses avancent.

La faiblesse des contingents, qui devient une constante dans nos ‘petites’ régions, n’aide pas non plus le trajet retour ; il est toujours plus facile de pédaler au sein d’un peloton étoffé, de s’y laisser porter sur une bonne partie du trajet. Les efforts sont d’une toute autre nature quand il faut pédaler seul ou en petit comité. Regardez la durée de vie d’une échappée sur le tour de France et la facilité que peut avoir derrière le peloton pour remonter l’entièreté de la masse des concurrents sur un petit groupe qui pourtant lutte fort pour maintenir son avance. On apprécie d’autant plus les performances des voiliers de retour du nord Hollande sous nos latitudes, ou encore des concurrents du Nijkerk contre-la-montre du 12 juin 2017.

Loin de moi ici l’envie de tomber dans la bêtise de vouloir nous montrer comme plus méritants avec nos courses du nord vers le sud, au sein de contingents limités. Etre le ‘plus ceci’, le ‘plus cela’, se croire au-dessus des autres pour toutes les raisons que l’on peut se mettre en tête reste de la petitesse. Le but est de se faire plaisir, entre copains sur les distances qui nous font plaisir, quelles qu’elles soient.

Il n’en reste pas moins réel que l’on peut baisser le chapeau devant les prestations telles celles du 409/15 de l’ami Philippe Gauthier qui a su, du haut de ses, seulement, 2 années d’existence, trouver la capacité de remporter une course aussi sélective que le Assen 2017. Il fallait un malin, doublé d’un vrai costaud, et notre comparse peut savourer le plaisir d’avoir dans ses installations un tel voilier.

Sans se prendre trop la tête donc, Philippe Gauthier se fait plaisir avec ses pigeons, et s’installe tranquillement dans le peloton de tête des amateurs de la zone fond. Vainqueur du global 2017 sur Assen, il montre à tous qu’il faudra dorénavant compter sur la zone fond pour la victoire globale du semi-national d’Assen MCGC.

Bravo Philippe pour cette magnifique victoire. Bon vent pour 2018,


David Chassagne, novembre 2017