Joël CHOTEAU : 1er As pigeon 2 ans Assen 2017

C’est tout proche de l’Atlantique, à 85-Le Fenouiller, que demeure l’heureux propriétaire du premier As pigeon Assen sur deux années (2016-2017).

Le splendide voilier, porteur du matricule 471768/2013 est une fine plume : sur cette course de 926 kilomètres pour son colombier, cette boule de plume hors du commun se classait déjà à la septième place du Assen 2016 et confirmait sa classe en bouclant l’édition 2017 à la 8ème place.

Deux tops 10 pour les deux premières participations, sur deux éditions difficiles, Mr Joël Choteau peut être heureux d’héberger un tel oiseau dans ses installations, d’autant qu’il lui permet d’empocher la 3ème place au premier inscrit. Cette bête rare finit aussi à la 7ème place des As pigeons 2017 Assen-Osnabrück (926 et 958 km).

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768/13, pas tout seul, mais un bon quand même…

Joël n’en est pas à s’émotionner pour autant : des oiseaux de qualité, il en a d’autres dans ses colombiers ; rien que pour cette année 2017, il engrange les deux premières places des As pigeons fond de la 11ème région, ainsi que les 3ème (481/13), 7ème (768/13), 10ème (926/14) et 19ème (905/14) As pigeons Assen-Osnabrück 2017. Notons aussi des oiseaux comme le fameux 202678/09 qui finit à la seconde place du Osnabrück 2016 en même temps que la 11ème place du Assen de la même année. Il était déjà là le soir sur Assen 2015.

Ce ‘68’ n’en reste pas moins une sacré bête ; parti comme troisième marqué pour sa première participation, il était déjà le premier tombé l’an passé sur Assen chez Joël, arrivant à 8h36 le lendemain matin (887 mpm pour 926 km). Trois semaines avant, il réalisait une 44ème place sur Osnabrück (958 km). Cette année, premier marqué de l’équipe de 8 pigeons, il remplit à nouveau son contrat de belle façon avec un nouveau top 10, une troisième place aux premiers inscrits, un titre d’As pigeon Assen 2 ans et une septième place aux As Assen-Osnabrück 2017, grâce à une 90ème place sur Osnabrück 2017. Ce voilier est donc à 4/4 en 2 ans au-dessus de 900 kilomètres.

Son père, bagué 446624/12 est un Tronquoy par son père (lignée du Carabine, du Vidocq) et Dirix par sa mère (également mère de l’As fédéral 11ème région 2017). La mère du ‘68’ est une écaillée noire, matricule 402083/11, à 50 % de lignée ‘Bils’ via Hétru (donnée par un copain). En 2015, à deux ans, il avait été testé sur le Marseille International et était rentré juste après les prix. Le bon pigeon enlogé sur cette même étape n’est lui jamais rentré. En 2016, pour la première fois, il part pour ‘la distance’ en direction nord, la suite vous a été comptée. Joël joue ses voiliers jusque 7-8 ans. Il n’en est donc qu’au début d’une brillante carrière, et, à n’en pas douter, nous devrions donc avoir encore le plaisir d’admirer les prouesses de ce magnifique athlète dans les éditions à venir.


Pas le premier venu

Joël Choteau n’est pas un inconnu pour les amateurs de la 11ème région, champion fédéral 2013, 2014 et 2016, il est habitué à apparaitre en haut des classements dans la catégorie qui le passionne : les longues distances. Habitant près de La Roche sur Yon (85), il a de quoi faire des envieux chez nous, niveau possibilités de jeu ; bon-an mal-an, il peut enloger pour : Lunéville (666 km), Sarrebourg (707 km), Amsterdam (804 km), Maaseik (745 km), Osnabrück (958 km) et Assen (926 km). Il peut aussi jouer Marseille international (pas fait cette année) où de beaux résultats ont été aussi collectés : 15ème inter 2013, 2ème As pigeons Marseille sur 2 ans (2013-2014), etc...

Sur le dur Sarrebourg 2016, il a 17 de ses 22 engagés le soir (16 prix = 77 %) et sur l’Amsterdam 2016 tout aussi sélectif, il fait 6/8 avec 3 pigeons le soir même (75 %). Sur Osnabrück 2016, ce sera un 50 % de prix et un pigeon le soir, tandis qu’il fait 4 prix de 6 engagés sur Assen 2016 (66,6 %).

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Pour la saison 2017, des pigeons enlogés dans les longues distances, seuls 2 voiliers manquent à l’appel après 5 courses. Sur le dur Amsterdam 2017 (806 km), de ses 8 enlogés, il aura 6 arrivées entre 21 heures et 22 heures 10’ le soir même, et le septième le lendemain à 6 heures, encore un 7/8 dans la poche (87,5 %) avec un 55ème fédéral pour son dernier prix s’il vous plait. Le Lunéville (666 km) 11ème région également se terminera pour lui avec 16 prix de 19 engagés (84 %). Sur Osnabrück 2017, ce sera 6 prix de 7 engagés (85 %) et 7 de 8 (87,5 %) pour Assen 2017, avec 5 de ses 8 engagés le soir du deuxième jour. La classe.

De telles choses n’arrivent pas par hasard. Joël s’est spécialisé dans les courses à plus de 600 km, en dessous, c’est un peu court à son gout. Bien sûr, ce ne sont pas des balades de santé, et il n’est pas si rare d’y laisser un tout bon. C’est comme ça, il faut savoir ce qu’on veut : un bon, on peut aussi le perdre autour du colombier.


La colonie

9 couples de reproducteurs sont chargés de produire les 35 à 40 jeunes bagués chaque année. Notez tout de même qu’un jeune est aussi élevé par les voyageurs en fin de saison.

Les origines sont les suivantes : Rutz ; Imbrecht ; Brakuis ; Roosens ; Tronquoy ; Vanacker ; Fruitier.

Côté sport, ceux sont 29 veufs qui sont alignés par saison (un peu plus d’une douzaine de ‘deux ans’ et une grosse quinzaine ‘trois ans et plus’ chaque année). A ceci viennent s’ajouter une vingtaine de yearlings célibataires. En 2015 et 2016, ont également été alignées au panier 4 à 5 femelles jouées au naturel. Yearlings en 2015, elles ont bien volé, mais le résultat 2016 a été décevant, pas moyen de faire voler ses demoiselles correctement ; l’expérience a donc été arrêtée.
Chaque classe d’âge est hébergée dans un compartiment propre.


Management : ménager la monture

Les mâles sont donc joués au veuvage classique. Ils le sont jusqu’à parfois 7 à 8 ans, selon l’humeur du patron. Au départ, seul le plateau est retourné ; la femelle est donnée au retour. Entorse est faite au règlement pour la dernière mise en loge, où la femelle est montrée au départ. Vers le 15-20 avril, les veufs sont accouplés pour être passés au veuvage sur une couvaison de 10 jours environ. Ils pourront élever un jeune en fin de saison.

Les jeunes sont juste entraînés personnellement. Pour passer en classe supérieure, il faut être bien en main et avoir de bonnes origines.

Les yearlings sont mis au panier jusqu’à environ 3-400 kilomètres. Là, il faut rentrer si possible dans les clous et ne pas découcher trop souvent pour gagner le colombier des ‘2 ans’.

Les ‘deux ans’ sont mis jusqu’à 700-750 kilomètres maximum. Les choses plus sérieuses commencent et le mieux est de rester dans les prix par 10. Faire un prix de tête ne suffit pas, car ce peut être une performance unique, sans lendemain. Hors ici, c’est la régularité qui est recherchée. Il faut faire des prix pour gagner sa croûte.

Les trois ans et plus vont aller sur les plus de 8-900 kilomètres, avec en préparation un cumul de 1200-1300 kilomètres. La plus longue distance réalisée sur une course cette année l’aura été sur Toulouse (450 km) en direction sud. Ils ne sont mis que dans des conditions météo favorables pour éviter un mauvais concours.
Les oiseaux sortent deux fois par jour, matin et soir pour une heure. Le drapeau est utilisé pour éviter qu’ils ne traînent sur le toit du voisin.
Un entraînement est donné entre les concours d’Osnabrück et Assen (40-50 km) pour garder les voiliers sur l’aile.


Les soins

Les colombiers sont nettoyés deux fois par jour pour garder les pigeons en santé en saison. En effet, depuis 5 saisons, notre champion ne traite plus contre les maladies classiques (trichomonose, coccidiose, voies respiratoires). Il a voulu faire cet essai suite à des lectures, et l’envie de se construire une souche solide. Pour l’instant, on peut dire que l’essai est plutôt concluant, mais notre homme reste encore prudent avant d’en tirer des conclusions. Hors saison, le nettoyage est plus ‘relax’ : tous les 2 jours, c’est suffisant.

Les pigeons reçoivent en début de saison la vaccination obligatoire PMV, un traitement contre les vers et une cure au Baytril© (10 jours).

Quand un problème de santé semble poindre son nez, c’est le CCP (Laboratoire Moureau) qui est utilisé, soit en badigeon à la plume dans le bec, soit sur le grain.

Pour limiter le développement des trichomonas, l’eau est retirée entre les repas et de l’eau fraiche est donnée matin et soir.

Beaucoup de thé est donné, ainsi que parfois de l’iode dans l’eau de boisson. Au retour, des électrolytes sont ajoutées à l’abreuvoir. L’abreuvoir ne voit pas de vitamines.

Le grit, les pierres à picorer et le Vitaminéral sont régulièrement servis et renouvelés.

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La nourriture

Le mélange de base est constitué de 3 mélanges sport de marques différentes : Versele Laga (sans extrudés), Mariman, Teurlings.

En début de saison, un fort pourcentage d’orge constitue la ration (30 à 40 %), puis, petit à petit, le sport pur compose le quotidien des pigeons. En retour, ils ont du bon mélange et du grit frais, pour avoir les jours suivants un ajout d’orge qui en fera un dépuratif. Puis on repasse au bon mélange.

Les derniers jours de préparation, du maïs est ajouté au mélange sport pour charger les réserves des fonciers en partance. Ils peuvent aussi parfois se régaler de chènevis. La quantité de nourriture est alors augmentée progressivement, pour que les pigeons en prennent un maximum, tout en mangeant jusqu’au jour de l’enlogement.
Les pigeons ne sont pas nourris à volonté, la mangeoire est retirée 15 minutes après la volée. Qui n’a pas su en profiter assez le fera plus à l’occasion suivante.


Des pigeons de fond, des beaux pigeons

La taille moyenne est recherchée, ou tout au moins souhaitée. Les grosses ossatures ne font pas florès ici.
La plume doit être douce, l’aile bien ventilée.
L’ossature doit être solide, les fourches serrées obligatoirement.
Le bras doit être court et épais.
Ceci me fait penser à la phrase d’un ami voici bien des années : ‘tous les beaux ne sont pas bons, mais tous les bons sont beaux’, à méditer.
Instructif

Le cas de Joël est très instructif, comme souvent chez de tels champions. Il joue un fort pourcentage de prix, avec peu de pigeons, mais des pigeons murs, qui n’ont pas été ‘matraqués’ dans leurs années de formation. Arrivés à 3 ans, ils ont et l’expérience et la maturité physique pour revenir des telles épreuves et renouveler les résultats années après années. Jouer ses yearlings en grand fond ne le tente pas, il préfère prendre son temps, forger sa colonie, ses voiliers, patiemment, en parallèle d’une sélection sans faille.

En préparation, ils ne sont pas mis trop loin (+/- 450 km) et sur des courses où le temps est annoncé propice pour les pigeons, pour leur éviter toute catastrophe (moral, physique). Par contre, ils ont un bon 1200 km dans les ailes avant d’être alignés sur du grand fond.

La méthode est simple, tant sur le plan nourriture que produits complémentaires et vétérinaires. Pour pouvoir se faire plaisir à haut niveau tout en se permettant d’avoir une vie à coté, Joël a choisi de se spécialiser (ici sur les longues distances). Un gros effort est fait sur l’hygiène pour pouvoir minimiser le recours à la médication, notamment en saison.

Joël se permet de jouer jusqu’à des âges avancés ses voiliers, y compris les meilleurs. Il peut se le permettre malgré le risque constant de ne pas revoir la perle rare revenir au bercail sur une étape, même si ça fait mal. Il a une colonie assez solide sur la distance, et son arbre de succès est pourvu de nombreuses branches. C’est un travail de plusieurs années. Pour les plus de 900 km, la sélection est plus récente mais les voiliers semblent bien réagir, les années à venir vont aider notre sympathique ami à forger du solide sur ce palier supplémentaire.

Mes sincères félicitations à l’ami Joël Choteau, manager émérite de pigeons voyageurs longues distances, doublé d’un très sympathique personnage.

Le proverbe ‘jamais 2 sans 3’ devrait se vérifier pour 2018 avec le fameux ‘68’ de Joël. Il reste le mieux placé pour rafler les places de 1er As pigeons pour les éditions à venir, non seulement il part avec de l’avance, mais il n’en est au début de sa carrière marathon. Bonne chance !!

A bientôt pour des exploits longues distances en bordure de côte atlantique, encore bravo

David Chassagne, Novembre 2017.