C’est au sympathique Christian Barrault que revient cette année la victoire sur l’édition 2016 du, à nouveau, très sélectif Semi-national d’Osnabrück organisé par l’UCML.

IMG 0830


Un concours sélectif de référence.

Cette année encore, le Osnabrück a tenu ses promesses. Le nombre de pigeons engagés a continué de progresser, pour arriver à 579 pigeons engagés. Ce n’est pas si mal pour une saison où les pertes ont été massives dans bien des colombiers et les effectifs réduits souvent à un niveau encore jamais vu en milieu de saison.

Les pigeons furent libérés à 6h30 le matin, dans des conditions qui promettaient un beau concours. A nouveau l’UCML avait gagné son pari d’organiser une belle rencontre longue distance. L’édition 2016 était en route !!!

Des 579 pigeons, il faudra bien un vainqueur, et le soir, chacun quittait de temps en temps le devant de ses installations pour consulter son écran d’ordinateur et voir où en était le concours. Qui allait réaliser l’exploit ?

IMG 20160716 171339

Le suspens a duré jusque assez tard, car seulement 6 des 91 amateurs participants ont eu le bonheur de pouvoir s’endormir ce soir-là avec un de leur protégé rentré au bercail. Un bref moment l’incroyable Patrick Métayer semblait à nouveau l’emporter sur la page internet avec un pigeon à 22h19 pour 950 kilomètres (1000 mpm) ; bien vite, il se fait coiffer au poteau par la magnifique performance du voilier de Joël Choteau qui constate à 22h13 pour, s’il vous plaît, 958 kilomètres (1012 mpm). Deux extraordinaires performances, qui pourtant ne suffiront pas, car surgit sur l’écran une annonce qui coiffe tout le monde : la 0077781 de 2014 de Christian Barrault s’est fait constater à 19h38’48‘’, couvrant ainsi les 801 kilomètres à la vitesse de 1015 mpm. Bonne pour une magnifique victoire semi-nationale sur Osnabrück 2016. Bravo.


Monsieur le Maire n’attend pas.

En tant que président d’association, Christian devait assister ce mercredi 06 juillet à une réunion pour l’organisation de la fête locale pour le 15 aout. Avant de partir pour la réunion où le Maire n’autorise aucun retard, Christian, passe en vitesse jeter un coup d’œil au colombier. Non de non, un pigeon est enregistré ! Il sait qu’il est tôt car les annonces internet sont alors vierges. Pas le temps de signaler, il file pour pouvoir assister à la réunion. Ce n’est qu’à son retour qu’il pourra officialiser la performance de son oiseau, alors que la victoire semblait acquise aux points arrières.

0077781 14

Quelle émotion ensuite, pas facile de fermer les yeux cette nuit-là pour Christian. 1er semi-national Osnabrück, un rêve qui se réalise, ce n’est pas rien. Gagner une telle épreuve est en effet le rêve de beaucoup, et pour la majorité il ne se concrétisera jamais, alors quand, d’un coup, une petite boule de plume vous offre ce plaisir immense, le bonheur vous coince un peu les paupières...


La passion des bêtes

Christian, qui a fini sa carrière comme technicien agricole, a commencé à tenir des pigeons en 1991 ; lors d’une exposition avicole, il revient avec 2 couples de pigeons d’expo. Le virus était inoculé et beaucoup d’autres cartons porteurs de pigeons allaient dorénavant venir renforcer les effectifs qui se construisaient dans le jardin de Christian. Aujourd’hui, le jardin est peuplé de frisés, capucins (petite et grande capuche), hubbels, bouclier velours de Franconie, mais aussi d’oies, canards et de lapins. Les pigeons voyageurs étaient, au début, destinés à nourrir les autres races moins habiles pour élever leur progéniture. C’est en 1998 que notre ami franchira le pas des courses à pigeons, via l’intermédiaire d’un colombophile que les amoureux des Wedemark doivent connaître : Pascal Corbrat - vainqueur de la très dure édition 2007. Joli clin d’œil du destin.

IMG 20160716 171304


La partie colombophile

Au milieu de tout ceci, sont donc maintenant réservés 3 compartiments pour jouer à pigeon.

Avec les jeunes (30 bagues par an), 50 à 60 unités forment les effectifs.

Depuis 3-4 ans, 2 à 3 couples de reproducteurs achetés pour le fond sont conservés fermés, le reste de l’élevage est assuré par les voyageurs en début d’année. Côté origines, on retrouve les Stichelbaut via la station Natural.

Excepté les reproducteurs qui ne peuvent être lâchés, tout ce petit monde est mélangé en saison dans les compartiments pour un jeu au naturel.


‘A la bonne franquette’

Christian ne perd pas de temps à calculer ses accouplements. Quand l’heure des rapprochements a sonné (15 décembre), il ouvre les portes entre les compartiments et c’est parti, chacun choisi sa chacune et tout va bien ainsi. Comme dit le tout frais vainqueur d’Osnabrück, pour vouloir rentrer, il faut être bien marié, et pour le choix, on est comme dans le reste aussi bien servi par soi-même.

IMG 20160716 171659

Le reste des soins est un peu basé sur ce principe de non prise de tête. Christian sait la valeur qu’est le fait de voir se lever le soleil chaque jour, le pigeon doit rester donc un plaisir et une détente.

C’est ainsi que les différents compartiments se retrouvent à n’en former qu’un en saison, les pigeons y évoluent à leur gré sans contraintes, pigeonneaux compris.


Management

Après l’élevage hivernal (2 jeunes par nid), les pigeons n’auront plus le droit d’élever, par contre, ils pourront couver à souhait, sachant que, avant que les coquilles ne se fendent sous de petits coups de becs, le maitre des lieux passe faire l’omelette.

Au fur et à mesure de l’évolution de la saison et des pertes enregistrées, les couples se font, se refondent en fonction des présents du moment.

Notez que pour jouer un concours de grand fond, selon la position de nid, l’omelette peut ne pas avoir lieu totalement : un jeune peut avoir le droit d’exister pour motiver l’un ou l’autre couple en partance imminente. C’est ainsi que la brillante gagnante du jour a été enlogée sur un jeune de 7 jours environ. Sûrement pas une mauvaise position la concernant au vue du résultat engrangé.

Dès les courses terminées, les pigeons sont séparés et ne se reverront que pour le 15 décembre.

Sur les conseils d’un ami belge, Christian ne met pas les mêmes pigeons sur les deux rendez-vous actuels grand fond de nos régions que sont Osnabrück et Assen. Il a ainsi une équipe pour chacune des deux courses. Les pigeons n’y sont engagés qu’à partir de 2 ans.

Les pigeons volent une fois par jour au colombier, le matin ; de temps en temps, il arrive qu’un claquement de main les fasse décoller, mais le plus souvent ils sont rappelés dès qu’ils se posent sur le toit pour éviter qu’ils ne picorent la salade du jardin ou aillent souiller le toit du voisin. Les volées ne dépassent donc souvent pas guère la demi-heure.


Des lectures qui demeurent à l’esprit

Christian avait lu dans le bulletin national qu’un champion de France entraînait ses pigeons régulièrement. L’idée lui est restée et chaque semaine il essaye de donner deux coups de panier de l’autre côté de Tours à ses protégés (+/- 50 km).

D’un autre moment de lecture est resté à l’esprit de Christian qu’il fallait soit nettoyer ses installations tous les jours, soit tous les mois, mais pas tous les 2-3 jours. La solution la plus espacée lui allait plutôt pas mal, et c’est ainsi que les colombiers ne sont ici nettoyés que très sporadiquement. Quand, après la corvée mensuelle la raclette est enfin posée pour un petit mois, une couche de sable est étalée au sol en ciment des installations.

Les soins

Côté alimentation Le mélange est fait maison (production locale), selon les proportions suivantes : 40 à 50 % de maïs (cribs), 30 % de pois, 15 % de blé, 15 % de sorgho, complétés par du riz paddy. Pour 25 kg de mélange, 1 kg de sable est ajouté. Le tout est passé à la bétonneuse pour bien mélanger le tout.

Pour 50 kg, un sceau de 2 kg est donné quotidiennement. Si les voiliers réclament encore après cette dose, un petit plus leur est accordé.

Ce mélange est le même quasi toute l’année. En hiver, le pourcentage de maïs est abaissé, et en fin de préparation pour une course, à 1 kg de mélange est ajouté 500 grs de maïs, ainsi que du chanvre et du riz paddy.

Les pigeons ont aussi à disposition des coquilles d’huîtres broyées. Plutôt que de donner des pierres de sel, de temps en temps, un peu de sel est mélangé à de l’eau qui servira à humecter le grain.

Notez que les colombiers bénéficient d’abreuvoirs raccordés à un tuyau pour un remplissage automatique. Ils ne sont vidés et nettoyés que tous les 4-5 jours environ.

IMG 20160716 171659 abreuv

Côté produits On retrouve la même simplicité : des vitamines après un traitement, et un jour sur deux sur le grain, la semaine avant notre belle rencontre. Christian évite de les donner dans l’eau car les pigeons boivent alors moins.

Les pigeons sont traités en début de saison contre la trichomonose (Trichorex) et la coccidiose (Trysulmix). En automne, un traitement contre les vers est administré, alors qu’une fois l’an, un vaccin contre les salmonelles est inoculé.

8-10 jours avant une belle épreuve, ils auront droit à 3-4 jours contre la trichomonose. Rien n’est donné pour les voies respiratoires.


Réflexions personnelles

Christian pense que nous faisons trop de chichi avec nos oiseaux et ne sommes pas assez dur avec eux ; être plus intransigeant ne serait sûrement pas une mauvaise idée pour arriver à se forger une bonne souche sur nos épreuves longues distances.

Le tri à la main, notre ami a déjà essayé, le résultat a été que le niveau de jeu en a été tellement impacté qu’il n’y a à la maison Barrault plus qu’un juge : le panier.

Les rapaces ne sont pas les seuls prédateurs à deux pattes. C’est ainsi que cet hiver, 2 pigeons sont revenus sans bagues. Une délicatesse dont notre petit monde en difficulté se passerait bien.

IMG 20160716 171726


La réalité vraie

La planète colombophile internet nous fait rêver à coup de prestations exceptionnelles réalisées par des pigeons hors de prix à pédigrées désarçonnants. On en arriverait bientôt à croire que pour gagner une belle épreuve, il faille obligatoirement se crever le portefeuille, et s’encombrer de centaines de voiliers.

Voyez un peu ce que, sans se prendre la tête, notre ami Christian Barrault, ‘maître plancha’ aux enlogements semi-nationaux du centre de Sainte Maure, a sû réaliser.

Simplement, lui qui sait le prix de l’existence, s’est fait plaisir et nous a montré ce que parfois nous perdons de vue : notre passion est un hobby, et à ce titre, elle doit être source de plaisir, et non de contraintes envahissantes. Chacun est libre de son plaisir, mais il est bon de rappeler que jouer le grand fond avec succès peut être une affaire simple et peu coûteuse.

Ceci n’est pas sans rappeler la victoire d’un autre amateur du sympathique groupe de Sainte Maure, Pierre Catez, qui, avec une poignée de pigeons au colombier, s’est adjugé l’an passé la victoire sur le semi-national d’Assen.


Messieurs les coulonneux de Sainte Maure, il est un proverbe qui dit ‘jamais 2 sans 3’. C’est tout le mal que l’on peut vous souhaiter pour les joutes grand fond à venir de notre petit coin de France.

Encore bravo à Mr et Mme Barrault pour cette magnifique victoire sur une épreuve aussi belle et sélective.

Merci pour la leçon et bon vent pour la fin de saison 2016.


David Chassagne, juillet 2016