l'édition du soir

ASTRONOMIE

Mercredi 13 Juillet 2016

C'est quoi ce trou noir géant sur le soleil ?
PAR AUDREY MERCURIN.

 ACTUALITÉ

Un gigantesque trou noir vient d’être détecté sur la surface du soleil par le satellite SDO (Solar Dynamics Observatory) de la Nasa (l’Administration de l’aéronautique et de l’espace aux États-Unis). D’où vient-il ? Est-ce dangereux ? Nous avons enquêté…

Il est immense, noir, de forme quasi-carrée. Ce trou géant sur la surface supérieure du soleil est le plus grand jamais examiné par le Solar Dynamics Observatory de la Nasa, qui l’a photographié du 17 au 19 mai dernier. Sa taille : dix fois supérieure à celle de la Terre.

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Même si sa forme est assez inhabituelle et sa taille conséquente, ce phénomène est bien connu des scientifiques qui l’appellent « trou coronal ». Il s'agit d'une partie de la couronne du soleil qui disparaît. D’où vient-il ? Est-ce dangereux ? Pour le savoir, nous avons contacté des spécialistes du soleil, Thierry Dudok de Wit, enseignant-chercheur à l’université d’Orléans, et Guillaume Aulanier, astronome à l’Observatoire de Paris.

D’où vient-il ?

Tout d’abord, il faut savoir que le soleil est une sorte d’aimant géant, le champ magnétique étant l’un des ingrédients principaux du soleil.« Des lignes de champs magnétiques partent du soleil en permanence. Certaines reviennent vers le soleil, comme des boucles, comme quand on met un aimant. D’autres partent plus loin, jusqu’à parfois l’infini », explique Thierry Dudok de Wit. Ces lignes de champs magnétiques contraignent fortement le vent solaire, ce flux de plasma chargé d’ions et d’électrons, qui émane en permanence du soleil. Comme il y a moins de plasma au-dessus des trous coronaux, ils apparaissent plus sombres quand on les observe en rayonnement ultra-violet.

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Des lignes de champs magnétiques partent du soleil en permanence. Certaines ne reviennent pas. (Photo : Solar Dynamics Observatory, NASA)
Au-dessus des trous coronaux, le vent solaire s’échappe à des vitesses nettement plus élevées qu’ailleurs sur la surface du soleil, avec des valeurs atteignant 900 km/sec. Ce vent solaire arrive un à deux jours plus tard au niveau de la Terre. Ses changements de vitesse ont alors l’effet d’une onde de choc, et perturbent notre environnement spatial.


Est-ce normal ?

Ces trous sont très fréquents, il n’y a « rien d’exceptionnel »,s’accordent à dire les professionnels que nous avons contactés.« Leur durée de vie est de plusieurs mois. Ils suivent le cycle du soleil qui est de 11 ans. On les voit passer tous les 27 jours », détailleThierry Dudok de Wit. Comme le soleil qui tourne sur lui-même avec une période d’environ 27 jours terrestres.


Quelles sont les conséquences ?

Les seuls qui les subissent réellement sont les satellites qui gravitent autour de la Terre. Et ce « de manière considérable », raconte le professeur. De ce fait, « les agences spatiales prennent ces trous coronaux très au sérieux », explique son confrère, Guillaume Aulanier. En effet, leur présence signifie que le champ magnétique de la Terre sera davantage perturbé, ce qui a pour effet indirect de bombarder (et d’endommager) les satellites avec des particules de grande énergie. Les agences développent donc des modèles pour anticiper ces effets, et mettre leurs équipements en veille au bon moment.


Est-ce dangereux pour nous ?

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Ces trous auraient, très faiblement, un lien avec le dérèglement climatique. (Photo : Solar Dynamics Observatory, NASA)
Selon ces deux spécialistes du soleil, il n’y aurait rien d’inquiétant pour nous, humains. Alors pas de panique, aucune apocalypse n’est en vue !

Et cela n’a même pas un petit lien avec le dérèglement climatique que nous connaissons ? « Sans doute, indirectement et à long terme, mais l’effet climatique est dérisoire », déclare Thierry Dudok de Wit. « Quand le champ magnétique terrestre est perturbé, cela affecte le champ électrique entre la surface de la mer et la haute atmosphère. Or, nous savons que le champ électrique à une influence sur la formation d’aérosol, ce qui joue in fine sur la formation des nuages », détaille le chercheur, pensif.

Ces variations de l’activité solaire peuvent affecter les différentes couches de l’atmosphère de nombreuses manières. Des études récentes ont ainsi montré que les variations du rayonnement solaire avait une influence indirecte sur la météo. En Europe, notamment, où une baisse du rayonnement se manifeste à long terme par des épisodes hivernaux froids un peu plus fréquents.

Toutefois, dans la question du réchauffement climatique, les gaz à effet de serre ont un impact bien plus fort.

 

Lien vers le site Ouest France.

Article dégotté par André Bonnetat. Merci à lui.